Parution : Oublier Prométhée. La lente préhistoire du feu

Chacun le sait, le feu est un don de Prométhée. Refus de l’obscurité, refus de l’obscurantisme : en apportant le feu, Prométhée offre les bases de la civilisation. Là où l’on ne le connaissait pas, c’est un autre héros – un roitelet, un faucon, un jaguar ou un lézard – qui vole le feu pour le donner aux hommes et leur permet ainsi, par la cuisson des aliments, de quitter l’état de nature. Jusqu’à récemment, les préhistoriens (moi la première) concevaient également la domestication du feu sinon comme un don, du moins comme une invention soudaine et tardive, qui se diffuserait rapidement et conduirait vers toute une série d’innovations essentielles à l’humanité. Cette idée est aujourd’hui largement remise en question.
La conférence Eugène Fleischmann 2024, prononcée par Catherine Perlès, est parue sous le titre Oublier Prométhée. La lente préhistoire du feu (Nanterre, Société d’ethnologie). Professeur émérite à l’université Paris Nanterre, Catherine Perlès est membre honoraire de l’Institut universitaire de France et a reçu un doctorat honoris causa de l’université d’Indiana. Elle poursuit ses recherches en préhistoire, notamment sur la Grèce et le Chili, dans le cadre de l’UMR Temps du CNRS. Catherine Perlès a saisi l’occasion de la conférence pour revenir sur le grand thème qui avait fait l’objet de sa thèse, le feu, à la lumière des apports scientifiques récents.
La préhistoire du feu paraissait naguère relativement simple et linéaire, et si l’image en était floue, c’était en raison de la mauvaise préservation des vestiges anciens. On présupposait alors qu’il fallait d’abord vaincre « la peur instinctive du feu », grâce au développement du cerveau. Ensuite, dans une vision inconsciemment prométhéenne, le feu, porteur de toutes les promesses, devait être rapidement adopté et largement diffusé. Or des travaux en éthologie remettent en question le fondement même de ce scénario, tandis que les recherches archéologiques plus récentes témoignent d’un développement très lent et arythmique de l’utilisation du feu, quand bien même ses applications techniques se révèlent plus anciennes et plus riches qu’on le supposait. In fine, le réexamen de la préhistoire du feu nous oblige à questionner notre vision moderne du feu et de ses avantages, et à s’interroger sur les conditions de l’innovation et de la diffusion des techniques dans les temps lointains de la préhistoire.
ISBN : 978-2-36519-081-7 | 92 pages | 10 euros
Parution le 23 octobre 2025
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Société d'ethnologie (23 octobre 2025). Parution : Oublier Prométhée. La lente préhistoire du feu. AFEA - Association française d'ethnologie et d'anthropologie. Consulté le 18 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1510m
