Pour la libération immédiate de Victor Dupont, doctorant
Communiqué de presse de l’Association pour la Liberté Académique (ALIA), Communiqué commun de l’AFS, l’AFSP, l’ASES et l’OALA, Interview de Amin Allal, son codirecteur de thèse (France Culture).
Interview de Amin Allal, son codirecteur de thèse (France Culture)
Lundi 4 novembre 2024
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-internationaux/arrestation-de-victor-dupont-en-tunisie-les-libertes-academiques-en-danger-4436161
Cela fait désormais plus de deux semaines que le doctorant français Victor Dupont est retenu en prison en Tunisie où il a été arrêté sur ordre de la justice militaire.
Une situation tout à fait exceptionnelle, qui soulève la question des libertés académiques dans un pays qui entretient une tradition de collaboration universitaire historique avec la France. Comment les chercheurs sont-ils accompagnés sur leurs terrains et comment les protéger ?
Comment comprendre une telle arrestation ?
Étudiant qui ne semble pas présenter pas de traits atypiques, Victor Dupont était même “très inscrit dans la société tunisienne”, plaide Amin Allal, son co-directeur de recherche. “C’est quelqu’un dont le parcours est assez banal au vu de la Tunisie post-2011. Il s’est inscrit dans le “boom” des études en sciences sociales en Tunisie”. Son sujet de recherche portait, au moment de son arrestation, sur les jeunes de Jendouba, une région située dans le nord-ouest de la Tunisie. “Il s’intéressait à ces personnes qui sont devenues des acteurs des processus sociaux et politiques après la révolution tunisienne de 2011”. Un sujet somme toute assez éloigné d’une démarche qui pourrait poser un problème au régime actuel, observe Amin Allal, désemparé.
Communiqué commun de l’AFS, l’AFSP, l’ASES et l’OALA
L’Association française de sociologie (AFS), l’Association française de science politique (AFSP), l’Association des sociologues enseignant-e-s du supérieur (ASES) et l’Observatoire des atteintes à la liberté académique (OALA) s’élèvent contre l’arrestation en Tunisie, le 19 octobre dernier, de Victor Dupont, doctorant à l’IREMAM (Aix-Marseille Université) et au CEPED (IRD) et bénéficiaire d’un financement du Conseil européen de la recherche (ERC), alors qu’il menait ses recherches de thèse consacrées aux rapports au politique des jeunes diplômés.
L’incarcération puis la traduction devant un tribunal militaire de ce jeune collègue pour des faits qualifiés « d’atteinte à la sûreté de l’État » suscitent la plus vive inquiétude.
Cette décision arbitraire doit être condamnée sans réserve par les autorités françaises. Nous leur demandons ainsi qu’aux tutelles et institutions concernées (MESRI, MEAE, IRD, CNRS, ERC) de tout mettre en œuvre pour une libération immédiate de Victor Dupont et d’une de ses amies, arrêtée le même jour.
L’AFS, l’AFSP, l’ASES et l’OALA dénoncent cette nouvelle violation caractérisée de la liberté académique, sans laquelle aucune science n’est possible.
Christophe Jaffrelot et Nathalie Duclos, président et secrétaire générale de l’AFSP
Sophie Bernard et Cédric Lomba, co-présidents de l’AFS
Fanny Jedlicki, présidente de l’ASES
Delphine Dulong, présidente de l’OALA
Communiqué de presse de l’Association pour la Liberté Académique (ALIA)
Le 2 novembre 2024
Le chercheur Victor Dupont, prisonnier scientifique en Tunisie, doit recouvrer immédiatement sa liberté. Le 19 octobre, le chercheur Victor Dupont a été arrêté à Tunis. Il a été déféré devant un tribunal militaire pour « atteinte à la sécurité de l’Etat ». L’une de ses amies a alors été arrêtée, sans que le motif en soit donné. L’Association pour la liberté académique (ALIA) demande aux autorités tunisiennes de remettre Victor Dupont en liberté sans délai et de veiller au respect de la liberté de recherche, aussi bien pour les chercheurs étrangers que pour tous les universitaires de Tunisie.
Doctorant à l’Institut de Recherches et d’Études sur les Mondes Arabes et Musulmans (IREMAM), une unité mixte de recherche rattachée au CNRS et à l’Université Aix-Marseille, et au Centre Population et Développement (CEPED), Université Paris Cité et IRD, Victor Dupont travaille sur les diplômés chômeurs dans les régions intérieures de la Tunisie. Ces travaux sont menés dans le cadre d’un projet hébergé par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et financé par l’Union européenne et avaient reçu l’agrément du ministère de l’Enseignement Supérieur de Tunisie. Ils s’inscrivent dans un champ de recherche consacré aux « vies ultérieures » des anciens militants des « Printemps arabes » du début des années 2010, en Égypte, au Maroc, en Syrie, et en Tunisie.
Les allégations du tribunal militaire quant à l’implication de Victor Dupont dans des opérations « d’atteinte à la sécurité de l’État » n’ont aucune crédibilité. Elles rappellent les accusations portées récemment contre les chercheurs Laurent Vinatier en Russie ou Fariba Adelkhah et Roland Marchal en Iran. L’Association pour la liberté académique (ALIA) dénonce ces atteintes à la liberté académique et exprime sa totale solidarité avec Victor Dupont, ses collègues et ses proches. En particulier, ALIA enjoint le CNRS, l’IRD et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à soutenir activement la mobilisation de la communauté scientifique pour obtenir la libération immédiate de Victor Dupont et de son amie. ALIA appelle les institutions universitaires et les autorités politiques françaises et européennes à œuvrer sans relâche en ce sens.
Contacts
ALIA : contact@liberte-academique.fr,
https://liberte-academique.fr
L’Association pour la liberté académique ALIA compte 340 membres à ce jour. Elle a pour but de promouvoir et de défendre la liberté académique.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
afeanthropologie (5 novembre 2024). Pour la libération immédiate de Victor Dupont, doctorant. AFEA - Association française d'ethnologie et d'anthropologie. Consulté le 5 décembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12mh3
